« La semaine prochaine, je serai sorti ». La psychothérapie à l’épreuve du temps en milieu carcéral - 24/11/24
“Next week I’m getting out”: Psychotherapy and time in the prison environment
Résumé |
Objectif |
L’objectif de cet article est de décrire la manière dont la sortie annoncée de prison précipite le travail de liaison dans les derniers temps du travail psychothérapeutique et d’en illustrer les modalités transférentielles. Nous questionnons plus précisément les destins et fonctions de ce que nous proposons de nommer une « temporalité hallucinatoire » en psychothérapie, à l’aube de l’annonce de la sortie de prison.
Méthode |
Pour illustrer nos propos nous nous appuierons sur le cas de Joël, incarcéré pour des faits de vol avec violence, en état de récidive légale. Il s’agit d’un patient suivi en psychothérapie hebdomadaire en milieu carcéral, et rencontré en unité de soins, dans les quelques mois qui ont précédé sa sortie.
Résultats |
Dans le cadre de cet article, nous avons souhaité illustrer la manière dont la sortie de prison, en négatif du choc à l’incarcération, peut retentir sur la vie fantasmatique du sujet, entre anticipation et réalisation pulsionnelle. Les défenses mobilisées par Joël, en entretien, nous paraissent particulièrement pertinentes dans la manière dont elles appuient sur la poussée pulsionnelle au service de la montée en tension, produisant alors un effet de renversement du pôle passif au pôle actif jusque dans le temps de la séance. Cette temporalité surinvestie sur ses seuils de risques : entre sortir et rester, nous apparaît dessiner des contours artificiels comme autant de point de buté fantasmatiques pour forcer le système représentationnel au profit d’une circulation hallucinatoire.
Discussion |
Les défenses mobilisées par Joël, en entretien, nous ont paru particulièrement pertinentes dans la manière dont elles ont appuyé sur la poussée pulsionnelle au service de la montée en tension, produisant alors un effet de renversement du pôle passif au pôle actif jusque dans le temps de la séance. Cette temporalité surinvestie sur ses seuils de risques : entre sortir et rester, nous apparaissait dessiner des contours artificiels comme autant de point de buté fantasmatiques pour forcer le système représentationnel au profit d’une circulation hallucinatoire aux fonctions masturbatoires.
Conclusion |
Si, dans la perspective des travaux de Roussillon que nous citions précédemment, nous concevons la symbolisation comme une expérience de subjectivation par l’emprise, il est aisé ici de concevoir la manière dont les remparts du cadre thérapeutique peuvent faire office de carrefour hallucinatoire, au moment tangeant de rêver, ou du moins de tenter d’« halluciner » la sortie. Le soutien de cet espace hallucinatoire : de la circularité temporelle à la temporalité fantasmatique, nous apparaît être favorisé par l’intercontenance mise au travail et décrite par Ciavaldini, jusque dans ses manifestations transférentielles en séance. L’au-delà de la séance, comme « au-delà du mur », mettrait ainsi à l’épreuve la solidité du rempart psychique façonnée par une autre voie que celle de l’emprise.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Abstract |
Objective |
The aim of this article is to describe the way in which the announced release from prison precipitates the work of linking in the final stages of psychotherapeutic work, and to illustrate the transferential modalities involved. More specifically, we examine the fates and functions of what we propose to call a “hallucinatory temporality” in psychotherapy, at the dawn of the announcement of release from prison.
Method |
To illustrate our ideas, we will use the case of Joël, who has been detained in custody for armed robbery, and is in a state of legal recidivism. This patient was receiving weekly psychotherapy in prison and had been seen in a care unit in the few months prior to his release.
Results |
In this article, we wanted to illustrate the way in which release from prison, as a negative of the shock of imprisonment, can affect the subject's fantasy life, between anticipation and impulse realization.
Discussion |
The defenses mobilized by Joël during the interview seemed to us to be particularly relevant in the way in which they pressed on the drive in the service of the rise in tension, thus producing an effect of reversal from the passive pole to the active pole, even in the time of the session. This temporality, over-invested in its risk thresholds between getting out and staying in, seemed to us to draw artificial contours like so many fantasmatic stopping points to force the representational system in favor of a hallucinatory circulation with masturbatory functions.
Conclusion |
If, from the perspective of Roussillon's work cited above, we conceive of symbolization as an experience of subjectivation through domination, it is easy here to see how the ramparts of the therapeutic setting can act as a hallucinatory crossroads, at the tempting moment of dreaming, or at least trying to “hallucinate” the way out. The support of this hallucinatory space – from temporal circularity to fantasmatic temporality – seems to us to benefit from the inter-holding put to work and described by Ciavaldini, even in its transferential manifestations in the session. Beyond the session, as “beyond the wall”, would thus put to the test the solidity of the psychic rampart fashioned by a path other than that of domination.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Prison, Sortie, Emprise, Temporalité, Hallucinatoire, Pulsion, Psychothérapie
Keywords : Prison, Release, Domination, Temporality, Hallucinatory, Drive, Psychotherapy
Plan
Vol 89 - N° 4
P. 651-660 - décembre 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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